Être végétarienne en France, c’est souvent être jugée comme être une « personne faible », manquant de caractère, puisque incapable de tuer un animal ou de payer quelqu’un pour le faire à sa place. Parler des animaux, non comme de produits alimentaires, mais comme d’êtres vivants, invoquant leur capacité à souffrir et leur droit à la vie, c’est faire preuve de sensiblerie. Ainsi quand j’évoque ma pratique des arts martiaux, c’est là que le cliché tombe et que le malaise fait jour. Peut-on vraiment faire des arts martiaux et être végétarien ? Peut-on refuser toute forme de violence envers les animaux, mais apprendre à tuer un humain ?
Les arts martiaux dans ma vie
A la date où j’écris ces lignes, j’ai 23 ans et je pratique les arts martiaux depuis presque 10 ans. Ayant toujours été attirée par la pratique des armes, je fais maintenant partie d’un club dans lequel j’apprends à manier le sabre japonais (Katana). Les arts martiaux que je pratique ne s’apparentent pas à de la self-défense, mais à un art de guerre ancien, où les objets sont dangereux et conçus pour tuer.
Dans tout art de guerre, il y a de la violence, du combat, un rapport de force, un perdant et un gagnant, un mort et un survivant. Ainsi, la pratique des armes n’est pas un jeu. Les katas (enchaînement de mouvements pré-codifiés) que nous répétons étaient à l’origine, des coupes destinées à trancher un humain.
Bon aujourd’hui, il est évident que nous faisons plus d’arts martiaux dans le but de tuer, mais plutôt pour apprendre la rigueur, la concentration, la respiration, le contrôle de soi, etc.
Végétarisme et arts martiaux
Lors de nos entraînements au dojo, nous replaçons les armes dans leur contexte historique et culturel. Les kata font référence à une confrontation entre deux adversaire armés, pas d’un bourreau et d’une victime pied/poing liée. Les animaux que l’on élève ne sont pas des adversaires, ils n’ont pas la volonté de nous faire du mal, ils sont simplement des victimes.
En tant que végétarienne en bonne santé (comme beaucoup d’autres), je sais que nous n’avons pas besoin de tuer des animaux pour nous nourrir. Il n’y a là aucune nécessité.

©insolente veggie
Dans les arts martiaux, on apprend à tuer pour survivre ou pour protéger des vies, c’est ce que l’on appelle le « sabre de mort » (Satsujinken). Mais l’idéal est d’atteindre un niveau de maîtrise où l’on dissuade son adversaire d’attaquer. Il s’agit de vaincre sans tuer en protégeant sa vie et celle de l’adversaire, c’est ce que l’on appelle le « sabre de vie » (Katsujinken). Comme pour le végétarisme, on ne tue que par nécessité, l’idéal étant de ne pas avoir à le faire.
Alors peut-on être végétarien et faire des arts martiaux ? Oui. La logique est finalement la même.
Être végétarien ne signifie pas être un enfant de chœur, pratiquer un art martial, ne signifie pas être violent. Tuer des animaux pour le plaisir n’a là rien de puissant, rien de viril, rien de courageux.
La consommation de viande est perçue pour beaucoup comme un symbole de puissance et de virilité, l’humain s’identifiant au prédateur et non à la proie. Mais aujourd’hui, quel honneur et quel courage y a-t-il à payer quelqu’un pour faire le bourreau et tuer à notre place ? Et quand bien même on le ferait soi-même, quelle bravoure y a-t-il à abattre des animaux qui n’ont aucune intention de nous nuire, juste en pressant une gâchette ?

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Les végétariens, des guerriers des temps modernes
En règle générale, un végétarien n’est pas né végétarien, mais l’est devenu suite à une prise de conscience. Comme la grande majorité des Occidentaux, les végés sont des personnes qui ont appris à aimer la viande, qui se sont délectés de cuisses de poulet, de steaks tartares, ou encore de foie gras. Refuser désormais ces plats, tenir tête à ceux qui ne comprennent pas, est un combat de tous les jours. Mais il moins difficile de se priver de quelques chose que l’on a appris à aimer que d’endurer quelque chose que l’on ne supporte plus.
Finalement, être végétarien, c’est être un guerrier des temps modernes (budoka), c’est se battre contre des adversaires tenaces, difficiles à terrasser : les clichés, l’ignorance et le conformisme.

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6 Comments
Bonjour, je suis tombé sur ton blog car je recherche des artistes végés pour animer des démos lors des Vegan Place qui se tiennent chaque mois sur Paris et un peu partout en France.
Comme toi, je pratique l’art martial depuis de nombreuses années et je souhaite que soit brisé le mythe de la force issue des protéines animales.
Je me suis inscrit récemment sur facebook pour créer le groupe « Artistes et Athlètes pour les Animaux » : https://www.facebook.com/groups/1742239012687777/?fref=ts
Je recherche des végés danseurs, acrobates, etc. Tout ce qui peut faire de jolies démos 🙂
Voici mon FB : https://www.facebook.com/profile.php?id=100012422614729
A bientôt j’espère !
Traï
Bonsoir,
Je ne peux qu’acquiescer a tout cela cheminant dans le budo également et végétarien de surcroit je souscrit a tout ce que tu as écrit … un bien bel article !!!!
Bonne pratique
Remi
Laisse-moi deviner… Toi aussi, t’es pratiquante d’aikido ? 🙂
J’en ai fais 5 ans et ai arrêté récemment. Je ne fais désormais plus que du Iaïjutsu et du kenjutsu. 🙂 Mais l’esprit de l’aikido ne me quittera plus c’est sûr…
J’ai bien rit en lisant cet article, mais c’est si vrai !
Très bien écrit, bravo !
Merci beaucoup 🙂